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Un étudiant de prépa démêle le vrai du faux des clichés sur les CPGE

Qui suis-je ?

Moi c’est Antoine, éclaireur sur Inspire depuis quelques mois, entré récemment en grande école d’ingénieurs, je voulais apporter un point de vue de l’intérieur à propos des prépas. On peut aisément lire des critiques très poussées de ces filières par des plumes qui ne les connaissent que de très loin. Je propose ici la vision de quelqu’un qui l’a fait. Pour tout te dire, je viens d’un petit lycée inconnu au milieu des champs, j’ai fait une grande prépa parisienne en mathématiques, j'oscillais entre le milieu et la queue de classe, mon frère a quitté la prépa après quelques mois (mauvais choix d’orientation) et il était le premier de la famille à tenter ce type d’études.

Les préparationnaires (comme on appelle les étudiant en classes préparatoires) sont un ensemble qui va des mathématiciens les plus purs (MPSI) aux philosophes les plus abstraits (Khâgne AL) en passant par les biologistes (BCPST) ou les économistes et managers (ECE). Et ce ne sont là que des exemples, il y en a bien d’autres. Les classes prépa brassent donc une quantité immense de thèmes. Même chose pour les débouchés : chercheur, ingénieur, économiste, vétérinaire, une grande diversité de métiers et de secteurs.

Les points communs sont néanmoins nombreux : méthodes et pédagogie similaires, des professeurs très engagés, l’intensité de l’interaction avec tous, un petit nombre d’élèves, un devoir par mois dans chaque matière et des concours à la sortie, quelle que soit la filière.

Je vais livrer non seulement mes impressions personnelles, mais aussi ce que j’ai pu voir et entendre de mes camarades sur ces deux années, impressions qui m’amènent à déconstruire 4 idées qui me semblent avoir la peau un peu trop dure chez les lycéens, qui les érigent un peu vite en vérités générales.

Idée fausse n°1 : seuls les meilleurs s’en sortent

Si tu regardes ce petit monde des préparationnaires de loin, tu peux avoir l’impression qu’il vont tous au même endroit, ou alors que ces deux ans sont une sorte d’essoreuse à salade (c’est nous la salade) destinée à écraser les plus faibles sous les plus forts. C’est massivement faux.

Il n’a échappé à personne que l’entrée en prépa est sélective. APB permet aux élèves de candidater dans 12 vœux par filière de prépas, en classant dans leurs premiers vœux les prépas où ils “rêvent” d’être pris, à leurs solutions de secours dans les derniers vœux. Le résultat du processus de recrutement est une répartition des élèves dans des prépas de niveau assez homogènes ce qui permet une grande émulation au sein d’une classe. Il est rare que la différence de niveau soit immense au sein d’une classe, en revanche, la différence est abyssale entre le premier et le dernier de France aux concours. Chacun trouve une classe qui lui va, un niveau qui lui correspond, des camarades qui avaient un niveau similaire au lycée.

Idée fausse n°2 : les professeurs de prépa sont des bourreaux

Contrairement à l’image qu’on peut en avoir, les professeurs, des passionnés de leur matière, sont généralement dévoués à leur classe et souvent très attentifs à leurs élèves. Ils sont là pour leurs élèves, ils les connaissent, leur parlent (c’est plus facile avec un professeur pour 40 élèves), ils vont même jusqu’à porter les pulls de classe qui les mettent tant en valeur... Si tu regardes une classe de forcenés qui veulent absolument rentrer à l’École Normale Supérieure de Paris, leur enseignant va les noyer sous le travail. Au fond, ça leur fait plaisir, car c’est le moyen pour eux de se rapprocher de leurs ambitions, ils consentent au “sacrifice”. Si tu es dans une classe d’étudiants aux ambitions raisonnables, ils auront un rythme raisonnable. Croire qu’il y a peu de travail en prépa et qu’on peut sortir tous les soirs, c’est se tromper. Mais dire que tous les préparationnaires travaillent tout le temps, c’est tout aussi faux. Une classe, c’est une ambition moyenne, et un rythme en accord avec cette ambition.

L’idée dans tout ce système, c’est que tu trouves la place qui te convient, celle qui va où tu veux en terme de niveau de sortie, mais aussi celle que tu peux soutenir en fonction de tes capacités, mais surtout, celle où tu seras heureux (La photo ci-dessous était dans un chocolat de Noël quand j’étais en prépa et elle tombait bien !).

Idée fausse n°3 : l’ambiance est mauvaise et compétitive en prépa

Tu as sûrement entendu des petites phrases toutes faites sur la prépa, des “deux ans de bagne pour réussir sa vie”, des “ta vie sociale c’est le prix de la réussite”, des “tu vas arrêter de vivre pendant deux ans”. Est-ce que c’est faux ? Pas vraiment. Est-ce que c’est vrai ? Clairement pas. Certains vivent des prépas mornes et tristes, d’autres y trouvent des environnements idéaux.

Je crois que si je devais résumer ces deux ans en un moment, ce serait le petit déjeuner, quand à notre table de 16, nous venions chacun avec nos problèmes (bien plus de problèmes personnels que scolaires) et nous cherchions tous ensemble les solutions aux problèmes de chacun. Les prépas ont souvent des ambiances qui leur sont propres, ce n’est pas une question de meilleure ou de moins bonne ambiance, ce sont plutôt des ambiances différentes, qui vont ou ne vont pas avec ton caractère. Une raison de plus pour te rendre aux journées portes ouvertes pour voir si l’ambiance te correspond !

En revanche, une vérité quasi-universelle sort du lot : la prépa, c’est une aventure collective, c’est “toi et ta classe contre le monde entier” et non pas “toi contre les autres de ta classe”. Tout le monde a compris qu’ensemble on est plus forts, et d’ailleurs, comment survivre à une telle avalanche de connaissances tout seul ? (Sur la photo, c’est ma classe de 1ère année, vraiment, on a l’air malheureux !)

Idée fausse n°4 : la prépa, c’est comme le lycée

La prépa, c’est aussi un moment clef dans la construction d’une personnalité. La fin des enfants, le début des adultes, elle coïncide souvent avec la majorité, mais aussi avec le départ du domicile familial. C’est un tournant immense dans la vie de beaucoup. Il n’est pas rare que tes camarades de classe viennent prendre un peu la place de ta famille que tu vois moins. Car oui, une classe de prépa, c’est une famille. Tu iras à des concerts avec eux, tu iras les consoler quand ils seront tristes, et réciproquement. Si les connaissances qu’on apprend forment un flot intense, les moments “humains” en prépa n’en sont pas moins intenses.

C’est aussi une certaine expérience du travail, la première fois que tu ne peux pas tout faire, que tu as des moments où tu te sens “sous l’eau”, que tu dois te faire des priorités, la première fois que tu es forcé de travailler vite et bien, et que tu finis par travailler vite et mal. C’est la première fois où il faudra penser à protéger tes proches de ton travail. Mais c’est aussi la première fois que tu sens que tu apprends réellement quelque chose, que tu fais des choses que peu de gens savent faire. La première fois que tu te jettes dans le grand bain, que tu voles de tes propres ailes.

Conclusion : gare aux conclusions hâtives sur la prépa

Tu l’auras donc compris, il n’y a pas beaucoup de vérités universelles sur la prépa, seulement des vagues principes directeurs. Ces principes sont communs à tout le “système prépa”, pas à une filière. Ensuite, chaque lycée, chaque classe a ses spécificités. Cependant, la PCSI et la Khâgne BL d’un même lycée se ressemblent souvent plus que deux TSI de lycées différents.

Chacun vit cette expérience à sa manière, tu en sors souvent plus grand que tu n’es entré, mais ce que tu ressens pendant, ça dépend de toi. Rien de préconçu, certains aiment, d’autres détestent. Il y en a qui deviennent irascibles, d’autres qui relativisent beaucoup plus les choses en sortant. Le seul moyen de le savoir c’est d’essayer.

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